Virage à 180 degrés: du labo à la librairie indépendante

Florence Bourg Action, Été 2021, Virage à 180 degrés

Temps de lecture: 3 minutes

Comment une scientifique se lance dans l’entrepreneuriat en ouvrant sa librairie indépendante

Depuis plusieurs années, l’expression prendre un virage à 180 degrés sur le plan professionnel a pris de l’ampleur. Que l’étincelle soit la perte d’un emploi, la perte de repères dans son travail, ou encore le profond désir de réaliser un rêve et d’écouter une passion, plusieurs ont osé franchir le pas… non sans défis et insécurité.

Dans cette chronique «travailler zen», nous nous entretenons avec Chantal Savoye. La Québécoise d’adoption, originaire de Pithiviers en France, a fait le saut d’un laboratoire scientifique à sa propre librairie indépendante. C’était il y a trois ans.

Chantal, comment êtes-vous passée des sciences à la littérature?

Le virage s’est fait après des études scientifiques et un travail de plusieurs décennies, en France et au Québec, en développement et commercialisation de trousses de diagnostic moléculaire. Avoir une librairie café était un projet que je nourrissais depuis une bonne vingtaine d’années. J’aime flâner dans ce genre d’endroits hybrides où règnent la sérénité et la convivialité. En 2016, à la suite d’une restructuration de l’entreprise dans laquelle je travaillais, j’ai eu le choix entre poursuivre mon rôle au sein de la maison mère aux États-Unis ou quitter mon emploi. Ayant déjà expérimenté avec bonheur l’immigration en m’installant à Québec, j’ai saisi l’occasion d’explorer le projet de création de librairie café.

Avez-vous bien planifié votre virage? Si oui, comment?

Je pense que oui. J’ai d’abord tenu à transmettre au mieux les dossiers dont j’avais la charge dans mon ancien rôle. Ayant adoré ma carrière scientifique puis de gestionnaire de projet, il était important de réussir cette étape. J’ai ensuite suivi une formation de lancement d’entreprise, dont l’aboutissement est un plan d’affaires. Cette étape est très importante car elle m’a permis d’affiner le modèle que j’avais en tête afin de valider la rentabilité du projet. En parallèle, j’ai passé quelques semaines dans une librairie jumelée à un café à Montréal, ce qui a été crucial pour comprendre les processus logistiques, techniques, financiers, et évaluer les ressources humaines et matérielles nécessaires.

Avez-vous validé votre projet avant de vous dire «Go, je me lance!»?

Pendant la phase de préparation «théorique» (élaboration du plan d’affaires) qui a duré environ un an, je me suis questionnée sur ma réelle envie de me lancer dans cette aventure, compte tenu de l’investissement de temps et d’énergie qu’elle allait nécessiter. C’est important de vérifier que l’on a le soutien de son entourage et les ressources financières nécessaires pour traverser les premières années de la vie d’une entreprise. J’ai rencontré beaucoup d’acteurs du milieu du livre, discuté avec plusieurs propriétaires de cafés, analysé pas mal de statistiques afin d’obtenir un maximum de données tangibles pour valider les hypothèses du plan d’affaires. Celui-ci a été relu et questionné par plusieurs personnes: professeurs de la formation, différents entrepreneurs chevronnés, pour repérer les failles et risques. Après tout ça,… oui il reste des doutes, des risques, des incertitudes mais on les maîtrise mieux. Alors, avec une grosse dose d’optimisme, une part non négligeable de naïveté et une forte capacité de travail, il ne reste qu’à réaliser ce qui est écrit sur le papier. 

Aujourd’hui, voyez-vous des liens entre vos deux carrières, scientifique et littéraire?

Beaucoup! La rigueur scientifique et l’analyse des données m’aident à garder une image objective sur l’état de santé du Mot de Tasse. Mes 5-6 dernières années chez Becton-Dickinson étaient dans la gestion de projets. Chacun des projets avait la complexité d’une petite entreprise, alors je suis bien outillée. Enfin, mon ancienne compagnie s’appelait Becton-Dickinson, dont l’abréviation est BD… et ma librairie offre un grand choix de bandes-dessinées. Un lien évident, non? 😉

Qu’est-ce que cette transition vous a appris sur vous?

Euh… que j’avais une famille et des amis exceptionnels (je le savais déjà mais c’est un soutien inestimable). Que c’est chouette d’avoir plusieurs vies professionnelles et de toutes les apprécier.

Et qu’est-ce que ce virage à 180˚vous a apporté?

Ce nouveau métier m’apporte la satisfaction d’avoir réalisé un rêve, plein de beaux échanges avec les lecteurs.trices, les résident.e.s du quartier, les auteurs et autrices, et m’apporte encore pas mal de défis à relever!

Il est possible de réaliser certains de ses rêves; il faut juste s’en donner les moyens et ne pas ménager efforts et persévérance.

– Chantal Savoye

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