Famille Bérubé à la une de cet article sur la parentalité positive

Parentalité positive

Catherine Bérubé Action, Agir au quotidien, Automne 2020

Temps de lecture: 7 minutes

Devenir parent est l’un des plus grands défis qui nous est présenté dans une vie. Pour ma part, je me rappellerai toujours du moment où j’ai compris que ma vie de famille avait pris un tout nouveau tournant. Au retour de l’hôpital, assise dans le salon avec mon conjoint et notre bébé, à se demander: et maintenant? Comment être un «bon» parent?

Cette rencontre d’un grand amour, celui de notre enfant, arrive également avec les questionnements, les inquiétudes, le sentiment de culpabilité, la remise en question de nos compétences. Comme parents, nous souhaitons le meilleur pour nos petits humains qui grandissent de jour en jour. Mais avec le rythme de vie effréné que l’on mène aujourd’hui, c’est souvent l’épuisement qui prend le dessus, et nos interventions deviennent rapidement inefficaces.

J’ai vraiment pris conscience de tout cela lors de mon premier voyage à l’étranger à la suite d’un épuisement professionnel, que je pourrais qualifier de permanent, lorsque je travaillais comme éducatrice à l’enfance. À l’époque, mon caractère spontané m’amena à tout abandonner durant un mois et à m’envoler vers Bali, un endroit connu pour sa beauté, sa bienveillance et son ressourcement. À mon retour, non seulement ma vision de la vie avait totalement changé, mais est née en moi une intention profonde de partager ces nouvelles valeurs avec autrui. Je troquais mon poste contre celui de professeure de yoga spécialisée pour les enfants.

Des outils pour voir autrement

Dans cet article portant sur la parentalité positive, je vous invite à découvrir toutes sortes d’outils pédagogiques pour apprendre à changer votre vision et ainsi transformer pour le mieux l’énergie qui règne au sein de votre famille.

#1 : L’émerveillement

Des parents s'émerveillent devant leur enfant dans cet article sur la parentalité positive.
Famille Bergeron-Bérubé de Lévis, Québec, Canada. Crédit photo: Karrel Aubert

Tout d’abord, et si nous regardions notre enfant comme un être à part entière, doté d’une intelligence puissante, qui va au-delà de notre compréhension d’adulte? Donnons-nous comme objectif d’observer notre enfant, ne serait-ce que cinq minutes par jour. L’émerveillement est à la base de la parentalité bienveillante. Il nous permet de prendre conscience des petits détails significatifs, de mieux comprendre le besoin qui se cache derrière la demande de notre enfant. En observant, on réalise l’importance des petits gestes quotidiens, on découvre davantage la personnalité de notre enfant.

Donnons-nous comme objectif d’observer notre enfant.

#2 : La routine

Les enfants ont un grand besoin de sécurité qui nécessite d’être apaisé par une routine simple et cohérente. La répétition, peu importe l’âge, leur permet d’anticiper ce qui vient. Si notre mode de vie est en constant changement, les enfants manifesteront leurs inquiétudes par des réactions émotives de toutes sortes, parfois inadéquates ou encore démesurées. Un enfant qui sait à quoi s’attendre, et surtout quand s’y attendre, sera moins tenté de «faire des expériences» en testant l’adulte. Comme parent, nous devons nous assurer d’être le plus constant possible dans nos consignes, mais aussi dans notre vie. Cela peut être renforcé par des rituels créés en famille et même par l’enfant, que l’on répète jour après jour.

La répétition, peu importe l’âge, leur permet d’anticiper ce qui vient.

#3 : La gestion des émotions

Les enfants, tout comme leurs parents, ont besoin de vacances et de repos. Pour eux, l’école ou la garderie est très énergivore. Pour mieux les comprendre, imaginons qu’à chaque jour nous commençons un nouveau boulot. Nous devons apprendre les règles de base de l’entreprise, suivre à la lettre le déroulement de la journée, apprendre à côtoyer de nouveaux collègues. Même si l’enfant s’amuse, pour lui, c’est tout un défi. Il doit chaque jour jongler avec le respect des consignes, la gestion de ses émotions tout en faisant l’assimilation de nouveaux apprentissages.

Mettons-nous à leur place. Imaginons qu’à chaque jour nous commençons un nouveau boulot.

Comme parent, nous avons d’autant plus besoin de prendre soin de notre propre réservoir affectif. L’objectif est de gagner suffisamment d’énergie pour soi, afin de pouvoir ensuite en offrir à sa tribu. Pour cela, je vous suggère de faire une réflexion, à savoir: comment puis-je retrouver mon cœur d’enfant? Quelles sont les activités que j’aimerais faire et qui m’apportent du bien-être?

Parents-Bergeron-Bérube-qui-sembrassent-devant-Amandine. La parentalité positive suggère de prendre soin du réservoir affectif du couple.

Prenons soin de notre propre réservoir affectif.

Même si ce n’est pas toujours chose facile, il est nécessaire de s’accorder des moments seul.e, des instants de calme et de plaisir, d’autres en couple, d’autres en famille. Chaque sphère doit être suffisamment nourrie pour trouver un équilibre harmonieux et ainsi nous permettre de savourer la vie et de surmonter les difficultés avec plus de légèreté. Laissons donc notre enfant s’ennuyer sans culpabiliser! Il en a grandement besoin… Il découvrira ainsi par lui-même, et à l’aide de son imagination, ce qui le fait réellement vibrer.

Laissons donc notre enfant s’ennuyer.

#4 : L’adaptation

La bienveillance, c’est aussi se montrer très flexible et faire preuve d’adaptation. En effet, il est primordial de nous remettre en doute régulièrement, puisque nous sommes l’exemple, et que nos enfants absorbent tout et imitent. L’écoute active est la qualité n˚1 à développer pour évaluer si l’on doit s’adapter à la situation ou si c’est l’enfant qui doit le faire. Cette qualité d’écoute centre notre attention sur l’autre pour nous permettre de le comprendre, d’interpréter et d’évaluer ce qu’il dit ou ressent.

Il est primordial de nous remettre en doute régulièrement.

Lorsqu’un enfant s’oppose à une consigne, il reste possible de lui offrir des choix. Par exemple: «J’aimerais que tu m’aides à faire ta boîte à lunch s’il-te-plaît. Est-ce que tu aimerais choisir ta collation? Nous avons le choix entre: une compote ou une barre de céréales. Laquelle préfères-tu?»

Lorsqu’un enfant s’oppose, il reste possible de lui offrir des choix.

#5 : La pédagogie positive

La pédagogie positive nous invite à trouver l’équilibre entre permission et autorité.

Plusieurs petits trucs peuvent s’avérer utiles afin de mettre en place des interventions positives. Par exemple, en rendant notre enfant responsable de ses actions. Une approche qui tend vers l’autonomie et la responsabilisation permet entre autres pour l’enfant de comprendre la portée de ses actes. Au lieu d’un simple: «Non! Ne fais pas ça!». On peut commencer par identifier, sans émettre de jugement, ce qu’il s’est passé: «Oh! regarde, tu courais, et en tombant le pot s’est cassé».

On peut commencer par identifier, sans juger, ce qu’il s’est passé.

Deuxièmement, on invite l’enfant à réfléchir et à passer à l’acte au lieu de le faire à sa place. «Crois-tu qu’il vaudrait mieux marcher la prochaine fois que tu transportes quelque chose de fragile? J’aimerais que tu ramasses les morceaux s’il-te-plaît.»

Finalement, on suggère à l’enfant de remédier à la situation en trouvant une solution qui lui permettra de réparer son erreur. Ceci est très important. «Est-ce que tu aimerais aller en choisir un autre dans l’armoire?»

Cet exemple peut se mettre en pratique dès que l’enfant est en âge de comprendre une consigne simple, c’est-à-dire à environ un an. Il est important, en bas âge, de commencer par une seule consigne, claire et courte à la fois. Même pour les enfants plus âgés, le fait de demander une seule chose à la fois permet de ne pas créer trop d’anxiété. Plusieurs enfants réagissent au stress de performance, même vis-à-vis leurs propres parents.

Continuons avec un exemple d’ordre relationnel pour un enfant d’âge scolaire, par exemple, qui opterait pour un geste ou une parole violente envers un camarade. Soyons vigilants et allons toujours vérifier la vraie raison du geste commis. Amenons-le à réfléchir par lui-même afin de trouver en lui la solution. Bien plus que si on le punit ou si on l’oblige à s’excuser, cela lui permettra d’ancrer cette nouvelle pensée dans son esprit.

On peut nommer de façon objective et concrète ce qu’on observe: «Je vois que ton ami a beaucoup de peine. Est-ce qu’il s’est passé quelque chose entre vous qui t’a déplu? Qu’aurais-tu pu faire au lieu de le frapper? Que proposes-tu maintenant pour soigner la blessure de ton ami?»

On peut nommer de façon objective et concrète ce qu’on observe.

Des idées pour aider vos enfants à se sentir bien

La parentalité suggère de mettre en place des activités apaisantes pour son enfant.

En terminant, voici quelques idées à mettre en place avec nos enfants afin de les aider à gérer leur stress, leurs émotions et à adopter un mode de vie axé sur la bienveillance:

  • Dessiner des mandalas en l’invitant à identifier des couleurs reliées à ses émotions.
  • Faire un coin méditation avec de la musique douce et des coussins pour relaxer, ou encore apaiser son petit volcan intérieur. Lui permettre de ne rien faire durant ce moment.
  • L’inviter à participer le plus possible dans nos tâches quotidiennes comme la cuisine, le lavage, le jardinage et ce, peu importe son âge, en utilisant une consigne simple.
  • Créer des rituels ludiques et répétitifs pour favoriser le bon fonctionnement des routines comme l’heure du bain, le coucher ou l’habillage.
  • Lire nos articles sur la communication positive des émotions avec vos enfants.

Note: Ces quelques trucs sont des indications de base; ils apportent un point de vue très général de la relation parent-enfant. Ces idées peuvent ne pas s’appliquer à un enfant et à un parent qui a des besoins particuliers ou qui vit une situation particulière.

Des mots pour mieux comprendre la parentalité positive

Je vous propose aussi de découvrir cet extrait dans lequel je retrouve plusieurs grandes leçons qui me semblent essentielles pour bien comprendre la définition de la parentalité positive.

Extrait du recueil Le Prophète de Khalil Gibran

Vos enfants ne sont pas vos enfants.
Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même,
Ils viennent à travers vous mais non de vous.
Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas.

Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées,
Car ils ont leurs propres pensées.
Vous pouvez accueillir leurs corps mais pas leurs âmes,
Car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter,
pas même dans vos rêves.
Vous pouvez vous efforcer d’être comme eux,
mais ne tentez pas de les faire comme vous.
Car la vie ne va pas en arrière, ni ne s’attarde avec hier.

Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes, sont projetés.
L’archer voit le but sur le chemin de l’infini, et il vous tend de sa puissance
pour que ses flèches puissent voler vite et loin.
Que votre tension par la main de l’archer soit pour la joie;
Car de même qu’il aime la flèche qui vole, il aime l’arc qui est stable.

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Portrait de Catherine Bérubé, auteure de cet article sur la parentalité positive.

Catherine est maman, intervenante psychosociale, éducatrice de la petite enfance, certifiée en pédagogie Montessori, professeure de yoga et accompagnante à la naissance et la petite enfance. Après plusieurs années en tant que propriétaire d’un studio de yoga, elle œuvre aujourd’hui à son compte en tant que doula (personne qui apporte soutien et accompagnement moral et pratique à une femme enceinte, à un couple durant la grossesse, la naissance, la période néonatale et la petite enfance).

Pour la joindre
Catherine Bérubé
catberube90@gmail.com
418 803-0570

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