Nicole Vachon: zoom sur une photographe d’une profonde humanité

Florence Bourg Entrevue, Hiver 2022, Inspiration, Photographie

Temps de lecture: 4 minutes

S’offrir un arrêt… sur image

Dans un contexte où la consommation accélérée d’images est valorisée, Zenflo souhaite faire la part belle à la photographie afin de célébrer le fait de s’arrêter pour admirer une image sous son angle artistique. Offrez-vous un moment de pleine présence. Prenez conscience du travail de l’artiste derrière la photo. Laissez-vous envahir par l’émotion…!

Nicole Vachon, autoportrait.

Photo à la une: «Christiane»

Nicole, depuis quand avez-vous commencé à faire de la photographie?

J’ai d’abord fait un peu de photo lors d’un voyage d’un an en Europe sac au dos quand j’étais toute jeune, début vingtaine. C’était avec l’appareil photo argentique de mon compagnon, dont le père était photographe professionnel. À l’époque, il fallait maitriser la technique et économiser chaque clic, car les pellicules photo coûtaient cher. J’avais aimé faire de la photo et il me semblait que j’avais un certain talent, mais je n’ai pas continué. La vie m’a guidée ailleurs…

Puis, avant de partir pour un voyage au Japon en 2012, j’ai décidé de m’y mettre à nouveau et je me suis acheté un appareil photo: j’ai eu la piqure. Pendant quelques années, j’en faisais surtout lors de voyages à l’étranger où j’avais plus de temps. En 2015, j’ai vendu mon entreprise de développement en ressources humaines et je me suis investie à fond dans ce qui est devenu une passion, la photographie. Aujourd’hui, j’en fais presque tous les jours: je sors rarement sans mon appareil photo, même si je vais juste marcher près de chez moi. C’est devenu un mode de vie. Les fois où je ne l’apporte pas, je le regrette.

Qu’est-ce qui a été l’élément motivateur?

Au début, rapporter des souvenirs de voyage dans des pays différents et que je ne reverrais peut-être plus. J’ai toujours eu l’idée de capter et de pérenniser des moments uniques, saisir l’éphémère et en faire ressortir la beauté, même dans ce qui peut paraître parfois banal.

Quelles sont vos principales sources d’inspiration?

J’explore divers sujets de photographie, mais j’ai un faible pour les humains. Des portraits ou même un humain qui se promène: cela parle de notre lien avec la nature. J’aime saisir la beauté et l’unicité d’une personne, que ce soit un regard, un geste, une posture, un sourire. Tous ces moments ne seront jamais pareils, ils sont des instantanés de nos vies.

Même avec les membres de ma famille, je dirais: ce sont des rencontres uniques à chaque fois, qui me touchent, quelque chose se crée quand le contact s’établit.

Les personnes sont souvent intimidées, c’est une conversation particulière, cela demande de mettre la personne à l’aise. J’ai appris à les connaitre un peu plus… Un jour, j’ai photographié une femme autochtone qui assumait pleinement son identité pour la première fois: cela a été pour moi un cadeau.

«Sylvie», par Nicole Vachon

Comment voyagent vos photos?

Je m’invente des projets photos. J’ai d’abord fait des livres photos familiaux. Je suis allée rencontrer chaque membre de ma famille, afin de mieux le connaître et en saisir l’essence. C’est important pour moi que la personne se trouve dans son environnement.

Puis, avec une amie et partenaire en France, Béatrice Melin, nous avons créé un outil d’accompagnement, Alibelo®, qui se base sur le photo-langage. Ce sont 60 cartes photos sur des sujets variés, tirées de mes voyages et de rencontres d’ici et d’ailleurs.

En parallèle, depuis plus d’un an, je photographie des femmes participantes au programme d’Exponenti’elles, organisme qui vient en aide aux femmes vivant une situation financière précaire et veulent s’en sortir de façon durable: des femmes démunies et marginalisées.

Au sein d’Exponenti’elles, le projet «Regard sur soi» auquel je contribue bénévolement, vise à augmenter leur estime d’elles-mêmes. Comme point de départ, je photographie chaque femme lors d’une séance photos qui est avant tout pour moi une rencontre, une expérience humaine, suivi d’un visionnement de la photo avec un ou une coach. Cet exercice a pour but de mieux comprendre le regard qu’elles portent sur elles et leur estime.

Quelques-uns de ces portraits ont été affichés lors d’une exposition organisée par le Club photo de La Station à l’Île-des-Sœurs à Montréal.

Et j’ai toujours un nouveau projet qui mijote…

La photographie pour vous, c’est…

… un acte de présence. Je suis beaucoup dans la photo instantanée, je ne fais pas de mise en scène, je ne dirige pas beaucoup la personne, je ne fais pas de studio. Alors pour moi la photographie c’est la présence à soi, à l’autre, à ce qui m’entoure.

C’est une attention portée à ce que je ressens, à l’autre, à ce qu’il projette, à ce qui autour de moi attire mon œil et m’interpelle. C’est arrêter le temps pour capter ces moments uniques.

La photographie c’est la présence à soi, à l’autre, à ce qui m’entoure. […] Il y a quelque chose qui se rapproche de la méditation dans l’acte de photographier..

Nicole Vachon

Pour en savoir plus sur Nicole Vachon

Maintenant photographe, Nicole Vachon a été propriétaire d’une entreprise de développement des ressources humaines qu’elle a dirigée pendant trente ans. Aujourd’hui, elle vit à fond sa passion, la photographie. Depuis sa «retraite», elle a développé avec une partenaire française un outil d’accompagnement basé sur le photo-langage, qui vise à contribuer au mieux vivre ensemble: Alibelo®. Elle redonne aussi au suivant en contribuant bénévolement à divers projets avec des organismes comme Exponenti’elles et SEVE Canada.

Pour communiquer avec Nicole Vachon:

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