
Kintsugi, l’art de la résilience
Du baume sur nos lignes de faille
Céline Santini est l’auteure française de Kintsugi, l’art de la résilience. Traduit en neuf langues, c’est un ouvrage de référence sur cet art ancestral japonais encore méconnu. Un livre qui aide, à partir d’exercices pratiques, à s’accepter, à mettre du baume sur nos blessures, voire à faire de nos cicatrices notre fierté.

Entrevue de Céline Santini sur le Kintsugi, ou l’art de la résilience
Céline, pouvez-vous nous expliquer succinctement ce qu’est le Kintsugi?
A l’origine, le Kintsugi est un art japonais qui date du XVe siècle. Il consiste à souligner d’or pur les cicatrices d’un objet cassé, au lieu de le jeter, ou de chercher à masquer ses lignes de faille. Réparé à l’or, cet objet devient alors paradoxalement plus beau, plus fort, et plus précieux, justement parce qu’il a été brisé!
Que nous apprend la philosophie du Kintsugi sur nous-mêmes?
L’art du Kintsugi résonne fortement en nous car il est la parfaite métaphore de la résilience. Comme un Kintsugi vivant, nous aussi nous traversons des épreuves. Parfois, ce sont des épreuves physiques, parfois, ce sont des épreuves émotionnelles. Mais dans tous les cas, nous aussi nous pouvons paradoxalement en sortir grandis, car ces difficultés ont pu nous enseigner des leçons qui nous ont transformés. Ce qui ne tue pas nous rend plus fort…
Que peuvent nous apporter les enseignements du Kintsugi pour traverser la période difficile que nous vivons?
Le Kintsugi est là pour nous rappeler que toute épreuve porte en elle le germe d’une transformation. Il est trop tôt pour avoir du recul sur cette situation absolument unique en son genre, quasi absurde et surréaliste. Mais peut-être que, comme un Kintsugi, elle sera porteuse de changements positifs? Quand le bol est cassé, il est absurde de vouloir revenir à l’état antérieur. Rien ne sera plus jamais comme avant. Mais, justement, rien ne sera plus jamais comme avant: et c’est d’aller de l’avant qu’il s’agit. D’accepter ce qui est, sans chercher à le changer, puisque c’est impossible. D’accepter la transformation et le nouvel état, et d’arriver à percevoir «entre les lignes» à quel point cela peut paradoxalement être un enseignement, quand on prend du recul.
Peut-être que cette période troublée sera porteuse de nouvelles prises de conscience, aussi bien au niveau global qu’au niveau individuel? Cette situation terrible nous oblige à accepter et intégrer jusqu’au plus profond de nous le changement et l’impermanence chers au bouddhisme. Le Kintsugi, avec sa réparation à l’or qui sublime les blessures, nous transmet un message d’espoir: peut-être que nous aussi nous en sortirons plus beaux, plus forts, et plus précieux… d’avoir été brisés.
Parmi les exercices guidés que vous proposez dans le livre, quels sont les trois que vous recommanderiez en particulier durant le confinement?
Je pense que ces exercices sont particulièrement adaptés à la période actuelle:
- Étape 3: Patientez / Chapitre Enlevez: Le grand tri
Un exercice invitant à faire un tri et un allégement aussi bien physique qu’émotionnel, adapté aux circonstances…
- Étape 4: Réparez / Chapitre Concentrez: La cible
Cette visualisation invite à prendre le temps de se poser les bonnes questions sur la direction que l’on veut donner à notre vie, ce sur quoi on devrait véritablement concentrer toute notre énergie…
- Étape 6: Sublimez / Chapitre Assumez: Le Kintsugi de votre renaissance.
Cet exercice consiste à réaliser un Kintsugi symbolique, pour matérialiser notre propre résilience et réparation.
Et pour finir sur une note plus légère, je vous propose aussi de prendre le temps d’écouter en conscience la «playlist» proposée à la fin de l’ouvrage, et de la compléter si vous êtes inspiré.
Comment être des «guerriers et guerrières» de lumière dans le contexte d’aujourd’hui?
En restant toujours aussi résilient et lumineux qu’un Kintsugi! La dernière étape, c’est celle qui consiste à polir les cicatrices d’or de l’objet pour le faire étinceler. Nous aussi, nous pouvons faire briller nos cicatrices pour les porter fièrement et inviter le monde entier à les contempler: car elles parlent de notre histoire, de notre parcours, de notre résurrection, et apportent au monde un message d’espoir, celui qu’on peut survivre aux épreuves. Après tout, n’oubliez jamais que vous avez survécu à 100% des épreuves de votre vie jusqu’ici… Il est temps d’en témoigner pour inspirer les autres.
«Pour se réparer soi-même, il n’y a souvent qu’un détail à changer.»
– Céline Santini
La conclusion de Florence
Kintsugi, l’art de la résilience est un petit trésor du point de vue de la ligne graphique, épurée. Un beau livre qui aide, grâce à cette technique en six étapes, à nous sentir mieux en apprenant à polir nos lignes de failles pour en faire des lignes de forces. Qu’elles soient physiques, mentales ou émotionnelles.
Pour aller plus loin
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Crédit de l’illustration principale: Martin Howard. Son format a été légèrement modifié. Son utilisation est permise et respecte la licence Creative Commons.