Grandir dans la nature, bon pour le corps, bon pour la tête
Imaginez une forêt où les enfants peuvent s’amuser librement. Courir, grimper, et même concevoir un nouvel univers. Au Québec, le Répit-forêt de Lévis est un monde de verdure et d’apprentissage. Créée par la Maison de la famille Chutes-Chaudière, la halte-garderie accompagne les jeunes sur le chemin de la découverte de leur environnement et d’eux-mêmes.
Éducatrice spécialisée et responsable du projet Répit-forêt, qui accueille des enfants de 3 à 10 ans l’été et des petits de 3 à 5 ans le reste de l’année, Nadia Fortier explique les bienfaits d’un concept éducatif basé sur le plein air et le jeu libre.
Mieux bouger pour se sentir bien
«Quand on se promène dans la forêt, il y a des racines, des roches, des branches. C’est bénéfique pour les enfants au chapitre de la connaissance de leur corps dans l’espace. Quand ils marchent, le sol n’est jamais plat, à la différence de l’intérieur. Donc, ça développe la conscience corporelle.
Ils doivent lever leurs pieds plus haut pour passer par-dessus la branche, la racine. On voit les enfants qui s’améliorent rapidement. Au départ, ils trébuchent beaucoup. Puis, dans la forêt, la motricité globale évolue très rapidement.»
Je joue, j’apprends
Courir, bouger, grimper, c’est développer des habiletés motrices indispensables. La forêt est un terrain de jeu où l’enfant peut explorer ses envies, ses limites et développer ses propres ressources face à l’inconnu ou au risque.
«Si l’enfant veut grimper à un arbre, il a le droit. Mais il faut qu’il s’écoute lui-même: ‘‘Je grimpe jusqu’à ce que je sois à l’aise et si je trouve que je suis rendu trop haut, je redescends.’’
Au lieu de leur interdire de grimper sur les roches, sur les arbres, on y va vraiment avec la gestion du risque, la connaissance de soi et l’autonomie.»
L’éducatrice supervise. L’enfant peut essayer, apprendre à se connaître et grandir à travers son expérience.
«On y va selon les limites de l’enfant, celles qu’il s’impose à lui-même. On l’accompagne et on l’encourage. Si l’enfant veut grimper, on est là pour sa sécurité, mais c’est lui qui va faire tous les mouvements et qui va réussir par lui-même.»
Des bienfaits au quotidien
Après une journée à s’amuser dans la nature, les parents ont constaté les effets bénéfiques du grand air et de l’activité physique sur leur enfant. Les jeunes reviennent plus détendus, trouvent plus facilement le sommeil et dorment mieux.
«On sent vraiment plus de calme chez les enfants, surtout chez ceux qui sont un peu plus turbulents. Quand ils sont dehors dans la forêt, il y a de l’espace, ils peuvent donc bouger et s’exprimer. Ça leur apporte du bien-être, de l’apaisement, parce qu’ils extériorisent leur trop plein d’énergie.»
Au Répit-forêt, des activités sont aussi organisées. On se promène, on cherche des petites bêtes, on observe les différents types d’arbres. On apprend des gestes écoresponsables, tels que mettre ses déchets à la poubelle après la collation, ne pas abîmer les arbres ou arracher les feuilles. On raconte des histoires.
Et on se relaxe. «On fait des repos en forêt et ça fonctionne super bien.» Le bruit des oiseaux, des feuilles, des arbres, «ça aide à se recentrer».
Les enfants sont encouragés à utiliser leurs sens, écouter, sentir ce qui se passe autour d’eux. Ils font la sieste dans un hamac, par terre sur une couverture ou dans une tente. «Les jeunes trouvent le sommeil rapidement, et dorment très bien en forêt».
Se reconnecter avec son environnement extérieur
Une petite averse, le ciel gris, du vent un peu frais. Il n’en faut pas beaucoup plus pour trouver une bonne raison de ne pas mettre les pieds dehors. Les intempéries, ça nous refroidit.
Pourtant, qui n’a jamais vu un enfant sauter à pieds joints dans une flaque ou courir sous la pluie? Les plus petits se soucient peu des caprices de la météo, quand ils sont habitués à être dehors.
Mais les jeunes passent de moins en moins de temps à l’extérieur, dans la nature, et de plus en plus de temps assis. Beaucoup d’activités se pratiquent à l’intérieur et suivent des règles définies, laissant peu de place à la créativité.
Plus ils sont dehors, plus les enfants sont familiers avec les plantes et les animaux qui les entourent. Ils ont, par exemple, moins peur des insectes. Une chute, une égratignure… Ce n’est pas grave! Marcher, camper? Autant d’aventures excitantes quand on a grandi dans la nature. Une fois adulte, ces jeunes auront aussi une conscience écologique plus développée, comme l’ont montré les retours d’expériences de programmes similaires en Europe.
La nature, source d’inspiration
«Les enfants, quand ils sont à l’extérieur, jouent plus ensemble. Ils jouent à la cachette, à l’attaque. Ils vont se trouver des jeux beaucoup plus dans l’imaginaire, le symbolique et en groupe, parce que justement, il n’y a pas d’objets ni de jouets.
Lorsqu’ils jouent avec des blocs Lego, des voitures, c’est plus individuel. Tandis que dehors, ils n’ont pas le choix de se tourner vers les autres et de construire un jeu ensemble, parce que ce n’est pas tout fait.
Les bâtons deviennent des épées, des cannes à pêche, des longues-vues. Ils peuvent créer leur univers. On voit une augmentation de l’imagination et du jeu de groupe.»
Qu’est-ce que le Répit-forêt?
C’est une halte-garderie située à Lévis sur la rive sud de Québec, qui accueille une quarantaine d’enfants de 3 à 10 ans pendant les vacances d’été. Durant l’année, les plus petits de 3 à 5 ans peuvent bénéficier de ce programme. Les jeunes sont encadrés par des éducatrices spécialisées. Même l’hiver, l’accent est mis sur le plein air. Les enfants peuvent alors s’abriter dans un petit camp et se réchauffer autour d’un feu.
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