
Bali: voyage au cœur de soi

Lorsque j’ai pris l’avion pour la toute première fois, j’avais 23 ans. À cette époque, je parlais à peine quelques mots d’anglais, j’angoissais à la simple idée de devoir m’habiller le matin, j’émergeais d’un deuxième épisode d’épuisement professionnel, et par-dessous tout, je me demandais profondément quel était le sens que j’allais donner à mon existence.
J’avais tout de même entrepris de me prendre en main! Il y avait une petite voix en moi qui me disait qu’il y avait sûrement plus à attendre de la vie. Puis, une amie m’invita à suivre un cours de yoga. C’est là que j’ai vu, pour la première fois, un livre sur Bali…
Partir là-bas…
Comme si l’univers souhaitait vraiment capter mon attention, je me suis mise à voir «Bali» partout. Dans un magazine, dans le nom d’une boutique, dans un film, puis sur une affiche. Une affiche de formation de yoga. À Bali.
C’était ma réponse.
La peur au ventre
Dans un élan de certitude, comme une invitation de l’univers, j’empruntais à la banque un maximum d’argent pour m’envoler, quelques mois plus tard, sur la terre indonésienne. Après plus d’une vingtaine d’heures de vol et trois escales, j’étais enfin là, et ce, pour le mois à venir. Je m’étais lancée dans une aventure totalement inconnue, la peur au ventre.
Les premiers jours, j’ai énormément pleuré. J’avais l’impression que mon tsunami intérieur était sans fin. C’est à ce moment que j’ai ressenti pour la toute première fois les bienfaits de l’effet de communauté. Me sentir accueillie dans la bienveillance, par un groupe d’individus, traversant eux-mêmes leurs propres souffrances, accompagnée d’une professeure et mentor exceptionnelle (qui fait d’ailleurs toujours partie de ma vie à ce jour).
Soulever le voile
Lorsqu’on se retrouve à l’autre bout du monde avec des inconnus, c’est comme si on se donnait la permission de soulever le voile de notre vulnérabilité. Être vu et entendu tel que nous sommes puisque, de toutes façons, nous sommes à des milliers de kilomètres de ce qu’on croit connaître.

Étant une personne de nature très intense, j’ai tout de suite senti la possibilité d’évolution que ce voyage me proposait et j’ai sauté dedans à pieds joints, laissant de côté mes inquiétudes, mes attentes et mon jugement. J’ai embarqué dans l’aventure à 100%, me laissant bercer par les opportunités à la fois douces et intenses me sortant complètement de ma zone de confort.
Nous vivions dans de petites cabanes à aire ouverte dans les arbres, à travers les animaux et la magie de la jungle. Nous mangions peu; à jeun jusqu’au dîner, quelques fruits au dîner, du riz et des légumes pour le souper. Sans café, sans alcool, sans sucre raffiné. Nous demeurions dans une petite vallée, concentrés à méditer (expérience déstabilisante!), à faire du yoga, à marcher en pleine conscience ou tout simplement à nous reposer. Lorsque l’on n’a rien d’autre à faire que d’ÊTRE, cela laisse enfin la place pour tourner notre regard vers l’intérieur. Toutefois, quand on n’a jamais pris le temps d’apprendre à se connaître, il y a beaucoup à regarder et cela peut être tellement confrontant… Comme un oignon duquel on pèle couche après couche pour en découvrir le centre.
31 jours à Bali
Je pense que peu importe ce qu’on choisit de vivre comme démarche thérapeutique, l’idée même de se mettre en action et de laisser tomber l’égo pour partir à la recherche de sa véritable nature est déjà un succès en soi. Mais il y a tant à apprendre en observant les autres, qui sont en vérité le miroir de nous-même, dans leur culture, leur façon d’exister. Une symbiose incomparable entre eux et la nature, entre le monde matériel et le «plus grand que nous».
Trente et un jour plus tard, j’étais de retour, mais j’avais vraisemblablement laissé une partie de moi à l’étranger. J’avais toutefois gagné tellement plus, en confiance, en cohérence et en connaissances.
Rituels
Pourtant, au fil du temps, chaque fois où je me sentais sur le bord de perdre mon équilibre, ce besoin de partir revenait. Je voyageai énormément les années qui suivirent, particulièrement en Amérique latine. J’étais fascinée par les différentes approches pouvant me permettre de poursuivre mon évolution, dont différents rituels ancestraux.

Vérité
J’avais malgré tout toujours bien envie de retourner dans mon chez-moi, retrouver mon ancrage et ma stabilité. Jusqu’à ce que je comprenne enfin une grande vérité. Vivre ailleurs m’a en fait appris que notre bien-être provient avant tout de l’intérieur.
Alors que nous sommes constamment à la recherche de satisfactions externes: consommation excessive, médicament, nourriture, relations, etc., nous possédons en réalité tout ce qu’il faut et plus encore.
Malheureusement, dans une société qui prône la réussite par la performance, la technologie et le monde matériel, nous avons perdu cette connexion profonde avec la planète, avec la nature, avec notre respiration, avec notre intuition…
Oser
J’aimerais porter votre réflexion sur la situation (Covid-19) que nous sommes en train de vivre et qui nous amène à nous confiner et à revoir nos plans. Pourquoi ne pas accepter les faits et voir au-delà de la crise, en changeant notre façon de percevoir le tout? Si on se détachait de l’issue et que l’on profitait de ces instants d’accalmie pour recharger nos batteries, connecter avec nos proches de façon créative, se plaire dans les petits bonheurs du quotidien? Aujourd’hui, je ne me sens pas du tout déstabilisée par cela car je réalise que, finalement, en tant qu’être humain, nous vivons tous des situations plus ou moins semblables. Ce qui nous distingue nous rassemble également. Que l’on soit à un endroit ou à un autre de la planète, on trouve notre bonheur à travers les lunettes avec lesquelles on ose regarder le monde.
Alors, qu’attendez-vous pour partir en voyage au cœur de vous-même?
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